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   . AGNI
Lorsque l’on pénètre dans la maison-atelier du
peintre Antoine Piron dit AGNI, on est aussitôt
accaparé, plongé, pour ne pas dire submergé par
une quantité d’œuvres d’une facture
exceptionnelle. Minutieusement travaillées, aux
sujets les plus divers, que ce soit des narrations
alliant réalisme, poésie et fantastique,
évocations de peintures anciennes aux connotations
de Jérôme Bosch ou autres inspirations spontanées
de l’artiste, les mots ne suffisent guère à
décrire les impressions contradictoires qui se
bousculent, avant que le regard ne se laisse
apprivoiser par une œuvre.

L’impressionnant parcours d’AGNI, enseignant
durant près de 30 ans à la Haute Ecole d’Art et de
Design de Genève (anciennement Ecole des Beaux-
Arts), et conduisant parallèlement le groupe
Vaisseau, - un groupe d’artistes avec lequel il a
accompli de nombreuses fresques, tant dans la cité
genevoise qu’à travers le monde -, il ne cesse de
peindre.
Questionnant sans arrêt les causes du monde,
l’infiniment grand et l’infiniment petit, il
accepte néanmoins l’état actuel de la culture
admettant que l’Homme a besoin, pour agir dans
notre réalité, d’une représentation intérieure, en
quelque sorte imaginaire.
AGNI prétend que nous avons accès à une partie de
cette représentation intérieure, en particulier
par la pareilodie, disponible en chacun de nous.
Traduisons ce mot en allemand (Gestaltungs
Möglichkeit) pour montrer sa souplesse et sa
disponibilité. AGNI prétend que nous n’avons pas
regardé d’assez près ce mécanisme, appelé
pareilodie (pouvoir voir un dragon dans une
formation nuageuse), pouvoir qu’il utilise
abondamment. Il dit aussi que nous manquons
d’instruments pour expérimenter mieux ce mécanisme
et il en propose un : l’EEPPH (l’expérimentation
dans l’espace polytopique peint à l’huile). Cet
acronyme un peu compliqué sera expliqué à part.
Par ailleurs AGNI pense que vu la proximité de la
mort, et vu le désordre mental actuel de notre
intelligentsia, il est bon de transmettre ce qu’il
sait faire et ce qu’il a enseigné.
Il condense tout cela dans une toile qu’il nomme
La Roue Rouge, présente dans l’exposition.
AGNI oublie-t-il la composition qui est le signe
d’une œuvre d’art ? Pas du tout ! Il sait bien
que tout être qui veut se mouvoir dans l’espace se
doit de géométriser,
mathématiser ou numériser, passer par des flux
d’énergie conduits par des nerfs. Donc tout être
vivant compose. Pourquoi l’artiste ne composerait-
t-il pas ! C’est donc un fait vital, nécessaire.
Et la beauté ? Zarathoustra et son groupe a
prononcé pour la première fois dans notre univers
culturel le doublet « Vie-Une ». Cette notion est,
de l’avis d’AGNI indispensable à l’approche
intelligente de la beauté.

A l’âge de 17 ans, Toni Meyer, devenu Antoine
Meyer puis AGNI, peint une toile d’après une carte
postale représentant un homme et un oiseau du
jardin des délices, ignorant qu’il s’agit d’une
œuvre de Jérôme Bosch. Fasciné par les
compositions de ce peintre, AGNI s’intéresse
aussitôt à sa manière de concevoir l’espace et à
sa pratique de l’huile. Car d’une part avec ce
médium il est facile de générer un espace de type
Euclidien puis à l’intérieur de ce cadre, de «
recomposer » tout le temps, en ajoutant par
exemple des aplats spatulés de couleur. Mais la
technique de l’huile permet aussi d’aborder
l’impact si important des glacis que Léonard de
Vinci a porté à son paroxysme ce dont a grandement
bénéficié Jérôme Bosch. Ce dernier contrairement à
Léonard qui avait compris que les choses
devenaient fascinantes par l’atmosphère, lui s’est
concentré en bon nordique, sur la magie des objets
qui sont la partie sûre de notre réalité.
Donc depuis cette copie d’une carte postale, AGNI
a approfondi ses connaissances de la peinture à
l’huile et offre au spectateur une exposition
fascinante, d’une richesse incroyable, truffée de
trésors minutieusement composés et exécutés. A ne
pas manquer!

Antoine Piron dit AGNI vit et travaille près
d’Aubonne dans le canton de Vaud. En 2023, il a 85
ans. Il peint depuis l’âge de 16 ans et continue à
peindre. Il a enseigné à l’Ecole des Beaux-Arts de
Genève durant plus de trente ans et a fondé le
groupe Vaisseau qui a réalisé plus de 300
peintures murales dans de nombreux pays, tels la
Suisse, la Croatie, la Serbie, la Russie. Il a
notamment réalisé des peintures murales pour la
Bibliothèque Nationale de St Pétersbourg, à
Arkangelsk dans le Gastini Dvor, et à Kaliningrad
dans le musée Okéan, mais aussi dans un destroyer
de l’OTAN de passage dans les mers du Nord.
Légende de l’image : Le soulier de satin, huile
sur bois, 1993 (30x30 cm)



Dr.Danielle Junod-Sugnaux


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